Suite à une intervention sur les
creative commons, je me suis rendu compte, par leur questions, que
les amateurs musiciens rêvent encore d'exercer ce métier. Donc,
d'être payé pour faire de la musique.
Il y a deux possibilités : faire
SA musique. Dans les faits, c'est assez compliqué. Et à la
condition que ce que vous proposez soit vraiment innovant,
particulièrement populaire, que vos chansons, votre présence
scénique, vos arrangements soient vraiment intéressants, et que
vous vous retrouviez au bon moment au bon endroit, vous pouvez
éventuellement avoir un peu de succès. Et encore, par succès, cela
ne signifie pas forcément gagner des millions d'euros. Ça veut
quand même dire faire des sacrifices, comme le fait de vivre sur la
route, se taper des plans pas toujours bien rémunéré/dans des
conditions pourries (au choix, sono/ingé son/repas/hôtel etc. pas
au niveau).
L'avantage de cette vie là, c'est de
vraiment faire ce que l'on aime faire, et que le pied qu'on prend
quelques heures sur scène compensent les inconvénients du reste.
Dans quelques rares cas (comme le
loto), notre chanson est choisie pour passer à la radio, pour faire
une pub, pour un générique, et là, c'est la grosse machine de
guerre qui se met en marche : en deçà d'une certaine
popularité, on ne gagne presque rien, tandis qu'a partir d'un
certain niveau, on commence à collecter des gros sous... Cependant,
à de très rares exceptions, cela ne se fait pas automatiquement, et
il faut compter sur son réseau et le soutien de « placeurs »
de musique pour que l'on arrive à se mettre dans ce milieu là. En
attendant que (hypothétiquement) cela arrive, il vaut mieux faire un
autre métier...
Encore une fois, les musiciens pros
vous parlerons de ces groupes qui avaient tout pour réussir, les
chansons, le look, la présence sur scène, qui se sont défoncés en
tournant des années, voire ont réussi à influencer une génération
de musiciens, mais qui n'en n'ont JAMAIS vécu (regarder le film
« anvil » pour vous en persuader. Ce genre de groupe est
plus la norme que l'exception). Des groupes rock en France qui ont
une exposition nationale sont souvent composés d'intérimaires et/ou
de profs de musique, à défaut de pouvoir atteindre l'intermittence.
Vous pourrez parler également à des vieux loups de mer qui sont
aigris de porter leur amplis à 3 heures de mat' a l'arrière du
camion. Mais qui ne se voient pas faire un autre métier.
La deuxième possibilité, faire de LA
musique. En gros, tenter d'avoir la statut d'intermittent,en sachant
qu'a l'époque, on pouvait, avec la saison de l'été, arriver a
avoir les 507 heures (donc environ 43 cachets) sur un an. Sauf que
désormais, la période, réduite à un peu plus de 300 jours, exclu
que l'on puisse faire les cachets toujours à la même époque de
l'année. On doit donc pouvoir travailler au moins une fois par
semaine en étant déclaré. Ça peut se faire sur les beaux jours.
Mais d'octobre à mars, les places sont chères pour les groupes.
Beaucoup de musiciens se retrouvent donc à courir le cachet pour
boucler leur dossier.
Dans ce cas là, on fait la musique que
les gens commandent : communion, mariage, bar-mitzvah, évènement
de Comité d'Entreprise. Le minimum est d'être particulièrement
polyvalent, avec un niveau de lecture qui nous permettra d'ingérer
un répertoire énorme, voire de déchiffrer à vue, en ayant le don
d'être un caméléon musical, pouvant passer du jazz au métal selon
le répertoire de votre formation.
Dans les faits, les places sont chères,
surtout pour les guitaristes. Les plans rémunérés et déclarés
sont de plus en plus rares, et seuls les gros poissons arrivent à
garder la tête hors de l'eau (si l'on peut dire) en ayant tissé un
réseau autour de CE, de mairies, et de boites spécialisées dans
l'évènementiel. Dans le circuit du piano bar, les plans sont
rarement déclarés (et sont payés au tire boulettes), et certains
musiciens sont donc obligés de faire 3 concerts pour en déclarer 1
et payer les charges. Si vous ne faites que du piano bar, vous aurez
donc 130 concerts à faire sur une période de 300 jours pour être
intermittent. Bon courage, j'espère que votre ampli est léger.
La conclusion ? Il existe un
paquet d'autres possibilités pour vivre autour de la musique. Mon
conseil : devenez le meilleur musicien que vous puissiez être,
tournez/faites vous connaitre au maximum, si vous êtes capable de
faire les sacrifices que cela implique. Bossez votre instrument,
soignez votre réseau, connaissez votre matériel. Ayez un métier.
N'importe lequel, qui vous fera vivre. Mieux vaux garder sa musique
comme passe temps que passer son temps à faire la musique des autres
pour gagner sa vie.